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Benoît
Le rucher du Marandou:
quand les abeilles racontent le miel du Périgord
Me revoici, sillonnant sur les routes de Dordogne en ce jour clair de septembre. Le soleil a perdu de son éclat brulant de l’été et s’est vêtu d’une lumière plus douce, plus dorée, caressant la campagne périgourdine d’une chaleur bienveillante.
De part et d’autre du chemin, la végétation déploie sa mosaïque : les chênes, les noisetiers, les marronniers, tous fidèles au décor du Périgord noir. Et çà et là, quelques conifères se dressent, silhouettes élancées rappelant, avec subtilité les forêts du littoral.

Aujourd’hui, ma route s’arrête à Saint-Avit-de-Vialard, petit village de la vallée de la Dordogne, chez Benoît Serre, apiculteur traditionnel passionné.
Le village porte le nom de Saint Avis, un ermite d’autrefois dont la mémoire semble encore flotter dans l’air tranquille. Notre rencontre promet le goût du temps ancien et des gestes ancestraux, enracinés dans l’histoire des hommes.
Car voilà déjà dix millénaires que le miel accompagne la vie humaine : sur les parois des grottes, les mains de nos aïeux ont tracé le souvenir de la récolte de ce trésor doré — une offrande à mi-chemin entre ciel et terre.


"C’est en quelques semaines que j’ai décidé de devenir apiculteur"
Benoît est un enfant du pays. Son savoir-faire apicole lui vient de son grand-père, lui aussi apiculteur. La passion de Benoit pour cet insecte si précieux née en 2012 avec le désir de sauver le rucher situé dans la ferme familiale. Véritable autodidacte, il apprend seul les techniques de récolte du miel, expérimente l’artisanat rural, observe, se trompe parfois, mais persiste toujours.
Il sauve la dernière ruche de son grand-père, puis en installe d’autres dans son jardin. En quelques semaines, la décision est prise : il deviendra apiculteur en Dordogne. Depuis, son engagement s’est transformé en métier, une vocation en lien direct avec la nature périgourdine.
Nous quittons le local pour parcourir quelques kilomètres à peine. Benoît veut me faire découvrir l’un des quinze emplacements où reposent ses ruches. Au coeur d’une prairie faisant face à un petit vallon, je n’entends que le bourdonnement des abeilles. Le soleil brille dans le ciel et mon regard se perd dans les nuances de vert qu’offre la nature environnante.



Benoît allume son fumoir : un doux parfum de foin brûlé vient réveiller mes sens. La fumée se glisse sur les ruches, apaisant les butineuses. Le bourdonnement devient plus dense lorsqu’il soulève le couvercle d’une ruche. En cette saison, les abeilles se font plus rares : l’hivernation commence. Benoît extrait un cadre de cire, observe le miel qui scintille à l’intérieur des alvéoles — une réserve précieuse pour la colonie durant l’hiver. Chaque geste est mesuré, empreint de douceur et de respect. Il connaît chaque ruche, chaque colonie, chaque comportement. Ses abeilles sont ses partenaires, ses indicatrices sur la vie environnante.
Pour Benoît, l’apiculture n’a jamais été un simple métier. C’est une responsabilité, un engagement silencieux envers la nature. Ses abeilles, essentielles à la biodiversité locale , participent chaque jour à l’équilibre fragile du terroir périgourdin. Leur santé, miroir de celle du monde, dépend du souffle du vent, des saisons, et des gestes des hommes.

Quand la nature met les ruches à l’épreuve
Mais cet équilibre est fragile. Les dernières années ont apporté leur lot d’épreuves : des changements climatiques imprévisibles, des floraisons perturbées, et surtout, l’arrivée du frelon asiatique, ce prédateur venu d’ailleurs qui s’attaque sans relâche aux ruches. En 2017, la combinaison de tous ces facteurs a fait connaitre à Benoît sa plus sombre période. En quelques semaines, le travail patient de plusieurs années a vacillé. Sur cent quarante ruches, seules vingt-quatre ont survécu. Une perte immense, autant matérielle qu’émotionnelle.
Avec persévérance, Benoît a reconstruit son rucher. Les abeilles ont retrouvé leur danse autour des fleurs, et le miel du Marandou a repris sa place sur les étagères, comme une promesse tenue. Chaque récolte est différente, façonnée par le climat, la terre, la patience.
A cette époque de l’année, dans l’atelier, les cadres s’alignent sur les murs, imprégnés d’odeurs de cire et de bois.
La lumière de fin d’après-midi se glisse entre les pots de verre, révélant des teintes d’or et d’ambre. À travers ce miel artisanal, c’est tout un territoire qui s’exprime : les forêts, les prairies, les rivières, les saisons.
Un miel du Périgord au goût d’authenticité, fruit du travail patient d’un apiculteur en Dordogne attaché à son terroir et à ses abeilles.
Transmettre et partager
Mais le Rucher du Marandou ne se limite pas à la production. Il ouvre régulièrement ses portes aux curieux, aux familles, aux écoles. Benoît fait découvrir la vie des abeilles, leur organisation fascinante, et leur rôle essentiel dans la biodiversité. Observer sans déranger, écouter sans interrompre.
Benoît Serre incarne cette génération d’apiculteurs en Dordogne qui perpétuent un savoir-faire ancien tout en affrontant les défis du monde moderne : le climat qui change, les prédateurs venus d’ailleurs, la disparition des fleurs sauvages. À travers son regard et ses gestes, on lit la même détermination que celle de ses abeilles : continuer à bâtir, à réparer, et à transmettre.



Merci à Benoît pour son accueil et pour la découverte de son métier si significatif.
Découvrir le miel du rucher du Marandou rucher-marandou.fr
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