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Emmanuel
LE LAC D'ANNECY,
SON ROYAUME
Ce matin de juillet,
je suis à 7h30 sur le ponton du lac d'Annecy en Haute-Savoie. Les rayons du soleil caressent doucement la surface de l'eau, une cane et son petit profitent de la quiétude du matin et les clapotis de l'eau sonnent comme une douce mélodie à mon oreille. Le calme règne sur le aux reflets émeraude, joyau naturel des montagnes savoyardes.
Mais au loin, comme sorti de nulle part, un petit bateau s'avance vers moi. C'est celui d'Emmanuel Clerc, l'un des deux pêcheurs professionnels du lac d'Annecy. Lui s’est levé bien plus tôt que moi pour relever ses filets posés la veille au soir lors de sa pêche artisanale.
Ce jour-là, le lac fut clément et offre une jolie pêche à Emmanuel même si le vent et la pluie des derniers jours ont un peu perturbé les eaux du lac. Dans ses filets on retrouve principalement la féra, poisson emblématique des lacs alpins qui se nourrit de plancton mais aussi l'écrevisse américaine, une espèce invasive lâchée accidentellement dans les années 1960.
8h, Emmanuel a chargé dans sa voiture les caisses de poissons et d'écrevisses et prend la direction de son laboratoire qui se trouve à quelques minutes de là.
On pourrait penser que sa journée est bientôt terminée mais il doit encore préparer sa pêche du jour pour ses clients. Les tables étoilées de la région d'Annecy et quelques particuliers amateurs de produits frais du terroir, viennent se fournir chez Emmanuel.
Chacun vient directement au laboratoire récupérer sa commande. Ici pas d'intermédiaires, on travaille uniquement en circuit court: du lac à l'assiette dans le respect de la tradition locale!
La plupart des restaurateurs vont cuisiner eux-mêmes les filets de poissons avec les recettes de cuisine savoyardes dont ils ont le secret. Certaines prises seront écaillées, vidées et préparées en filet par Emmanuel fidèle à son savoir-faire traditionnel.
La féra, un trésor protégé
Aujourd’hui, seuls deux pêcheurs professionnels du lac d’Annecy se partagent les eaux de ce site naturel de Haute-Savoie, contre 35 dans les années 70.
Cette réglementation stricte s'est imposée par la Direction départementale du territoire afin d'assurer la gestion durable des ressources et de préserver la biodiversité du lac alpin .
Chaque pêche est scrupuleusement surveillée et toutes les prises doivent être mesurées et notées, même pour les pêcheurs amateurs, qui sont environ 1500 passionnés de pêche en eau douce.
Les commandes sont prêtes, les clients sont venus les récupérer, on discute autour d'un café mais il reste encore les filets de pêche à nettoyer. Aujourd'hui les deux filets d'Emmanuel sont chargés de dépôts calcaires, ce qui leur donne cette couleur jaunâtre. Mais c'est aussi ce calcaire naturel qui permet aux eaux cristallines du lac d’Annecy de se parer de ces nuances turquoise si caractéristiques de la Haute-Savoie.
Chaque filet de pêche mesure 1m20 et il faut les rincer soigneusement afin d'éviter leur détérioration. Presque deux heures: c’est le temps qu’il faudra à Emmanuel pour venir à bout de cette tâche minutieuse, reflet de son respect pour l’environnement lacustre.
A 12h30, je repars avec des centaines de clichés de reportage photo de cette matinée enrichissante sur le lac d'Annecy. Je laisse Emmanuel fermer son laboratoire de pêche puis profiter du reste de sa journée. Vers 17h, il ira placer ses filets dans les eaux claires du lac savoyard pour recommencer le même travail le lendemain.
La saison estivale est la plus chargée car les restaurants et auberge battent leur plein avec la venue de nombreux touristes dans la région de Haute-Savoie. C'est seulement à partir de fin octobre que la saison se terminera. La pêche professionnelle reprendra en février, suivant le rythme naturel du lac et des saisons alpines.
Merci à Emmanuel Clerc pour m'avoir permis de découvrir son métier peu commun et pour son accueil sur les bords du lac d'Annecy.
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